L'ubérisation de l'économie : émergence d’une nouvelle concurrence
Le phénomène Uber a fait couler beaucoup d’encre depuis sa création en 2009, jusqu’à en faire un néologisme, « l’ubérisation » qui fait référence à la nouvelle concurrence qui s'installe dans un contexte déjà difficile pour les acteurs historiquement ét
« L’expression d’ubérisation synthétise assez bien les enjeux engendrés par l’émergence des acteurs de l’économie collaborative », a affirmé à RTL.fr Boris Descarrega, responsable d'études socio-économiques à l'Observatoire Société et Consommation (Obsoco) en France. Il a présenté l'ubérisation comme « l'arrivée d’un nouvel entrant qui vient bousculer un marché donné, issu de l’univers du numérique et de l’économie collaborative, et qui utilise le travail indépendant, voire le travail des particuliers, comme le fait Airbnb ».
Selon lui, « il ne faut pas sous-estimer les évolutions qui sont en cours. Des sociétés comme celles-ci, qui n’existaient pas il y a quelques années, font déjà l’objet d’une valorisation boursière qui se compte en milliards d’euros ». En effet d’autres start up de « service de main-d’œuvre à la demande », sur le modèle de Uber et spécialisés dans l’aide à domicile, les livraisons, le nettoyage, etc., ont commencé à émerger en écrasant les acteurs traditionnels.
Pourtant, cette économie ne représente aujourd’hui qu’un petit marché malgré cette forte progression qui est due principalement à deux spécificités. D’une part, ces start up internet facilitent la mise en relation de l’offre et de la demande et, d’autre part, elles règlent les problèmes de réputation, les usagers ayant la possibilité de noter les prestataires. Ces deux spécificités permettent à Uber et aux autres start up de proposer des services de qualité sans avoir à salarier leur main-d’œuvre.
L’Observatoire de l’Ubérisation, nés de l'initiative d'une fédération professionnelle française, la Fédération des Auto-entrepreneurs, a publié en 2016, une infographie qui démontre qu’aucun secteur économique n’est épargné par ce phénomène. Ainsi, parmi les secteurs ubérisés ou en voie de l’être, il y a évidemment les chauffeurs de taxis avec un taux d’ubérisation à 70%. Est-il encore utile de rappeler qu’Uber a bousculé en profondeur cette profession de taxi en proposant un service moins cher et plus agréable? Les taxis contestent naturellement le détournement de leur monopole.
Les services à la personne avec les plateformes de services à domicile, de pressings, de bricolage, d'aides diverses, etc. constituent également un levier d'ubérisation (70%). Vous pouvez ainsi, grâce à ces plateformes, trouver votre intervenant et planifier sa venue, selon des tarifs prédéterminés. De même, avec l'émergence des mooc, plateformes participatives de cours en ligne et de e-learning qui rendent accessible de manière simple et rapide des millions d'heures de contenu pédagogique, l’éducation enregistre un taux d’ubérisation de 70%.
Viennent ensuite les libraires, selon cette infographie. Ubérisé à 60%, le secteur est essentiellement dominé par Amazon qui propose aux auteurs de publier leur œuvre de façon électronique en intégrant les moyens logistiques. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’hôtellerie avec Airbnb arrive loin derrière ces plateformes avec un taux d’ubérisation estimé à 50%. Le start up communautaire payant de location et de réservation de logements de particuliers fondée en 2008 par les Américains Brian Chesky et Joe Gebbia, supprime les intermédiaires et propose à l’échelle mondiale, 1,5 millions de lits chez le particulier, accessibles simplement et rapidement.
Les banques ont aussi été ubérisées à 40% avec des plateformes de crowdfunding (financement participatif) comme Kisskissbankbank ou Ulule, qui permettent de se financer ou d'emprunter à des taux plus faibles et plus souples.
Articles similaires
-
Leaders africains de demain : influence des dynasties d'entrepreneurs
-
Kenya: Jubilee Insurance a dominé le marché des assurances au cours du 2e trimestre 2017, en terme de primes nettes perçues
-
Les actifs kényans dégringolent après le retrait de l'opposant Raila Odinga de l’élection présidentielle
-
L’Ethiopie vise une croissance économique de 11% en 2017